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Particularités liées à l'insularité

L'insularité d'Ouessant

Les cortèges floristiques et faunistiques présents sur l’île d’Ouessant résultent d’une combinaison de facteurs.

Tout d’abord, il convient de rappeler ici qu’une des caractéristiques principales de l’insularité est la faible richesse spécifique (nombre d’espèces animales et végétales présentes sur l’île). Cette richesse est d’autant plus faible que l’île est petite (et donc a fortiori peu diversifiée en terme d’écosystèmes) et éloignée du continent (limitant ainsi l’arrivée et l’installation d’espèces non encore présentes), conséquence directe de la théorie de MacArthur et Wilson sur la biogéographie des îles, qui indique que le nombre d’espèces sur une île résulte d’un équilibre entre l’immigration de nouvelles espèces et l’extinction des espèces déjà présentes.

La répartition de chaque écosystème sur l’île dépend essentiellement des facteurs climatiques, pédologiques, de la topographie et de l’usage des sols actuel et passé. Le facteur climatique est très important sur Ouessant; il explique en grande partie l’absence de milieux boisés du type chênaie/hêtraie sur l’île et des cortèges d’espèces qui leur sont associés. Ainsi, des espèces pourtant assez mobiles bien que non migratrices comme certains oiseaux forestiers ont un statut d’espèces accidentelles sur Ouessant et n’y nichent pas, faute de conditions nécessaires à leur survie. C’est le cas de du geai des chênes, de la pie bavarde, de la sitelle torchepot, du pic vert ou encore de la buse variable, des espèces pourtant communes sur le proche continent. 

Insularité - Lézard des murailles

Dans le contexte d’Ouessant, il faudrait ajouter deux points à la théorie des îles pour être complet. D’une part, Ouessant n’a pas toujours été une île. Les périodes de glaciation provoquent parfois d’importantes baisses du niveau de la mer (-120 mètres durant la dernière période glaciaire) et donc l’émersion d’une partie des plateaux continentaux. La dernière période glaciaire, dite du Würm, s’est achevée il y a environ 10000 ans, redonnant ainsi son caractère insulaire à Ouessant et isolant du même coup les espèces – parfois peu mobiles – qui avaient réussi à coloniser ce territoire lorsque celui-ci était encore « à gué ». La présence sur l’île de la musaraigne des jardins, du mulot sylvestre ou du lézard des murailles a probablement été favorisée par ces périodes de régression marine. A l’inverse, certaines espèces actuellement absentes d’Ouessant n’ont pu coloniser ce territoire pendant ces périodes ou bien n’ont pu s’y maintenir par la suite; c’est le cas de la vipère péliade, de la grenouille verte, etc. 

L'insularite griffe de sorciere

Le dernier point est lié à l’homme. Présent sur l’île depuis le néolithique, l’homme a pu, par ses activités, modifier la composition des écosystèmes de l’île. Certaines espèces « natives » ont ainsi pu disparaître d’Ouessant par son action plus ou moins directe. A l’inverse, de manière volontaire ou non, l’homme a introduit bon nombre d’espèces animales et végétales sur l’ile. On parle alors d’espèces allochtones, qui peuvent dans certains cas devenir agressives vis-à-vis des écosystèmes natifs et s’avérer être des espèces dites « envahissantes ». A chaque introduction d’espèce, c’est tout l’équilibre des écosystèmes qui peut s’en trouver modifié. Il y a bien longtemps que les rats surmulot et noir ont été introduits accidentellement par l’homme, causant des torts importants aux oiseaux marins nichant sur les falaises de l’île. En revanche, le Hérisson d’Europe n’a été introduit qu’en 1992 et la présence du campagnol roussâtre n’a été constatée qu’en 2017 !