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Enjeux de conservation

Nous l’avons vu dans la rubrique « biodiversité », la faune et la flore de l’île d’Ouessant sont très riches. De par leur originalité, le degré de rareté ou bien l’intensité des menaces pesant sur elles, certaines espèces présentes sur l’île peuvent être considérées comme des espèces à fort intérêt patrimonial. Certaines possèdent ainsi un statut de protection réglementaire. D’autres, qui mériteraient peut-être aussi une protection réglementaire, figurent dans des listes nationales ou régionales établies par des collèges de spécialistes. 

L’intérêt patrimonial attribué à ces espèces implique des efforts en termes de protection et de conservation à la charge du ou des gestionnaires des espaces naturels sur lesquels vivent ces espèces. 

Ainsi, une vingtaine d’espèces végétales peuvent être considérées comme des taxons présentant une forte valeur patrimoniale. 

Taxon Directive HFF PN PR LRF LRB
Ammi majus
NT
Asplenium obovatum subsp. obovatum
X
Cerastium dubium
NT
Chenopodium vulvaria
VU
Eleocharis uniglumis
NT
Exaculum pusillum
NT
Isoetes histrix
X
NT
Littorella uniflora
X
Lotus parviflorus
X
Ononis reclinata
NT
Ophioglossum lusitanicum
NT
Rumex rupestris
NT
Silene dioica var. zetlandica
VU
Triglochin palustre
VU
Vandenboschia speciosa
X
X

Directive HFF : La Directive européenne 92/43/CEE du 21 mai 1992, dite Directive « habitats – Faune – Flore », a pour objectif d’assurer le maintien de la biodiversité par la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages sur le territoire européen des états membres 

PN: Protection réglementaire nationale par arrêté du 20 janvier 1982 révisé le 31 août 1995

PR: Protection réglementaire au niveau régional par arrêté du 23 juillet 1987

LRF: Espèces menacées ou à surveiller figurant dans la Liste rouge des espèces menacées en France Olivier, Galland & Maurin coord., 1995) 

LRB: Espèces menacées ou à surveiller figurant dans la Liste rouge de la flore vasculaire de Bretagne

VU = « vulnérable » ; NT = « quasi-menacé » 

Quelques micro-taxons, formes naines se développant dans les conditions très contraignantes du littoral de l’île, constituent des écotypes ou accommodats. Souvent peu pris en compte dans les listes rouges du fait de positions taxonomiques floues, ces taxons représentent toutefois des éléments  particulièrement originaux de la flore locale et peuvent à cet égard être considérés comme patrimoniaux. Citons la morelle marine Solanum dulcamara var. marinum, le genêt à balai maritime Cytisus scoparius subsp. maritimus, la verge d’or des rochers Solidago virgaurea subsp. rupicola. 

Ouessant - Enjeux de conservations - Isoetes Porz an Ejenn
Enjeux de conservations - Doradille Ouessant
Enjeux de conservations - genêt à balais
Enjeux de conservations - Morelle douce-amère maritime

En ce qui concerne le règne animal, outre des conventions internationales (Convention de Washington ou CITES, Convention de Berne, etc), de nombreuses espèces possèdent un statut de protection dans les textes communautaires ou dans le droit français. Ainsi, en France, une espèce qui n’est pas chassable possède le statut d’espèce protégée. Sur ce point, seules les espèces allochtones bénéficient parfois d’un vide juridique. 

Les textes communautaires viennent consolider ces statuts, notamment par l’intermédiaire de deux directives. La Directive Habitats-Faune-Flore évoquée plus haut concerne, comme son nom l’indique, également les espèces animales. Elle établit par exemple une liste d’espèces pour laquelle la conservation nécessite la désignation de Zones spéciales de conservation (ZSC). Figurent notamment à cette liste, correspondant à l’annexe 2 de la directive, 3 espèces présentes à Ouessant : le Grand Dauphin (Tursiops truncatus), le Phoque gris (Halichoerus grypus) et la Loutre d’Europe (Lutra lutra). 

L’autre directive européenne, à savoir la directive 79/409/CEE, dite Directive « Oiseaux », établit quant à elle plusieurs listes d’espèces d’oiseaux dont une (annexe 1) concerne des espèces rares et fragiles dont la conservation nécessite la création de Zone de Protection Spéciale (ZPS) sur les sites de nidification, d’hivernage ou de haltes migratoires. Cinq espèces qui nidifient à Ouessant figurent à l’annexe 1 de la Directive « Oiseaux » : l’océanite tempête (Hydrobates pelagicus), le busard des roseaux (Circus aeruginosus), le faucon pèlerin (Falco peregrinus) la fauvette pitchou (Sylvia undata), le crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax). De nombreuses espèces fréquentant l’île tout ou partie de l’année figurent également en annexe 2 et 3 de cette directive, statut de protection notamment vis-à-vis de l’activité cynégétique. Ainsi, figurent par exemple à l’annexe 2 de la directive le fulmar boréal (Fulmarus glacialis), l’huîtrier-pie (Haematopus ostralegus), le goéland brun (Larus fuscus), le goéland argenté (Larus argentatus), le goéland marin (Larus marinus), etc. 

Enjeux de conservations - Goéland argenté
Enjeux de conservations - Huîtrier pie

N’oublions pas ici le facteur humain. A Ouessant comme ailleurs, l’Homme fait partie de l’écosystème et un équilibre subtil doit être trouvé pour arriver à concilier objectifs de conservation et maintien d’activités économiques permettant de pérenniser le maintien d’une population insulaire à long terme. Cette richesse patrimoniale doit au contraire être sauvegardée et valorisée dans une démarche de développement durable et d’écotourisme.